Actualités • 2025 Décarbonisation des déplacements professionnels

Où en est le secteur du déplacement professionnel au niveau de la décarbonisation ?

Sous pression climatique, réglementaire et budgétaire, les déplacements professionnels entrent dans une phase de transformation profonde. Les programmes de déplacements progressent… mais pas encore à la vitesse requise pour atteindre les objectifs climat.

Maturité moyenne 1,4 / 5 Score GBTA 2025
Émissions vs 2019 -34 % Étude Travel Smart
Entreprises engagées 285 Benchmark GBTA
Entreprises achetant du SAF 15 % +3 pts vs 2024

En 2025, les déplacements professionnels sont à un tournant. Sous pression climatique, réglementaire et budgétaire, les entreprises n’ont plus le choix : elles doivent continuer à se déplacer… mais autrement. La dernière édition du GBTA Sustainability Acceleration Challenge montre que les programmes de déplacements professionnels progressent, mais trop lentement au regard des objectifs climat.

En parallèle, d’autres signaux – études ONG, réglementation européenne, montée en puissance du SAF, innovations technologiques – dressent un paysage contrasté : on avance, mais la trajectoire actuelle n’est pas suffisante.

Alors, où en est vraiment la décarbonisation du déplacement professionnel en 2025 ?

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🔄 Des déplacements professionnels en pleine mutation

Moins de déplacements “clients”, plus de rencontres internes

Depuis la généralisation des modèles hybrides et du télétravail, les déplacements professionnels ne se limitent plus aux rendez-vous clients ou aux salons. Une part croissante des déplacements sert désormais à entretenir la cohésion d’équipes dispersées. Dans certains cas, près de la moitié des déplacements sont réalisés pour des rencontres internes.

Problème : ces déplacements internes sont souvent moins challengés que les déplacements commerciaux, alors qu’ils pèsent lourd dans le bilan carbone. Selon l’ADEME, les déplacements professionnels ne représentent qu’environ 9 % des nuitées en France, mais génèrent 17 % des émissions de gaz à effet de serre du tourisme. Autrement dit : chaque déplacement mal optimisé coûte cher en carbone.

Une équation budgétaire de plus en plus serrée

En parallèle, le contexte économique reste tendu. Les entreprises doivent composer avec :

  • Une croissance ralentie
  • Des budgets déplacements scrutés ligne par ligne
  • La généralisation de la visioconférence qui oblige à justifier chaque déplacement

Résultat : le déplacement professionnel devient un investissement stratégique. On se déplace moins souvent, mais chaque déplacement doit être plus utile, mieux planifié et plus aligné avec la stratégie de l’entreprise. La décarbonisation ne peut donc pas être traitée à part : elle s’insère dans un arbitrage global coût / impact / efficacité.

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📊 Ce que révèle la GBTA : un secteur qui progresse, mais trop doucement

Un score global qui monte… mais reste très bas

La GBTA, via son Sustainability Acceleration Challenge 2025, fournit une photographie précieuse de l’état d’avancement des programmes de déplacements professionnels. Le score de maturité moyen passe de 1,3 à 1,4 sur 5 en un an. C’est une progression, mais cela reste un niveau très en deçà de ce qu’on pourrait considérer comme une démarche structurée.

Autre signal positif : la participation à ce benchmark progresse de 20 %, avec 285 entreprises engagées. On parle donc d’un sujet qui monte clairement à l’agenda des directions Achats, RSE et responsables des déplacements professionnels.

Les “petits” avancent, les “grands” reculent

L’un des constats les plus frappants de la GBTA est le contraste entre :

  • Les programmes de déplacement plus modestes (moins de 5 M $), qui montrent une forte progression
  • Les programmes les plus volumineux (500 M $ et plus), qui régressent globalement

L’explication avancée : les grandes entreprises, très exposées médiatiquement, deviennent parfois plus prudentes, voire paralysées, face à la complexité réglementaire et à la crainte du greenwashing. À l’inverse, les structures plus modestes utilisent la durabilité comme levier de différenciation.

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🧩 Là où ça coince : outils, politiques et signaux envoyés au marché

Des outils décisionnels qui stagnent

Deux leviers clés montrent peu ou pas de progrès :

  • Les frais carbone appliqués aux déplacements restent à un niveau de maturité très bas (score 0,4).
  • Les fonctionnalités carbone intégrées dans les OBT (Online Booking Tools) stagnent autour de 2,4.

En pratique, cela signifie que l’empreinte carbone n’est pas encore un critère réellement structurant au moment de la réservation. On affiche parfois des informations, mais sans mécanismes fermes de filtrage, d’alerte ou de restriction.

Or, c’est précisément là que se joue une grande partie de la décarbonisation : si l’outil de réservation ne pousse pas massivement vers le train, les vols directs, les hôtels moins émissifs ou les déplacements regroupés, la politique reste théorique.

Des clauses durables encore peu présentes dans les contrats

Côté achats, la GBTA constate que si les évaluations RSE des fournisseurs sont plus fréquentes, les leviers plus avancés – par exemple, les standards de procurement durable GBTA ou des clauses de durabilité spécifiques dans les contrats – restent à un niveau très faible (score 1,2).

Deux raisons principales :

  • Manque de référentiels partagés : tous les acheteurs ne parlent pas le même langage RSE.
  • Technologie insuffisante pour suivre, tracer et piloter ces engagements dans le temps.

En clair, beaucoup d’entreprises disent « nous privilégions les fournisseurs responsables », mais peu ont les outils et les process pour le prouver, mesurer et corriger.

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✈️ SAF, réglementation, études ONG : un environnement qui pousse à accélérer

SAF : levier essentiel mais encore marginal

Le SAF (Sustainable Aviation Fuel) est présenté comme le pilier clé de la décarbonisation du transport aérien à court et moyen terme. En 2025 :

  • La production mondiale de SAF reste inférieure à 1 % du carburant aérien total.
  • Le coût est encore 2 à 3 fois supérieur à celui du kérosène classique.
  • L’Europe est en avance, sous l’impulsion de ReFuelEU Aviation, qui impose des taux d’incorporation croissants : 2 % en 2025, 6 % en 2030, 20 % en 2035, jusqu’à 70 % à horizon 2050.

La GBTA note que 15 % des entreprises participantes achètent déjà des certificats SAF (contre 12 % l’année précédente). C’est une progression, mais encore loin d’un usage de masse. Pour beaucoup d’acteurs, l’accès au SAF passe par des solutions de type Book & Claim, notamment en aviation d’affaires.

Régulation & reporting : un cadre de plus en plus exigeant

La transition ne repose pas uniquement sur la bonne volonté des entreprises. Elle est de plus en plus poussée par la loi, avec notamment :

  • La CSRD et ses obligations de reporting extra-financier, qui forcent les entreprises à mesurer et publier leurs émissions, y compris celles liées aux déplacements professionnels.
  • En France, l’interdiction de certains vols domestiques lorsqu’une alternative ferroviaire de moins de 2h30/2h45 existe.
  • Des attentes renforcées des investisseurs, des clients finaux et des salariés, qui regardent de plus près les engagements climat.

Pour autant, les programmes de déplacements professionnels européens et nord-américains ont légèrement reculé en 2025, ce que la GBTA attribue en partie à l’incertitude économique et à la complexité croissante du cadre réglementaire.

Études ONG : -34 % d’émissions, mais beaucoup de retardataires

Une étude de la campagne Travel Smart (Transport & Environment) montre qu’en 2023, les émissions liées aux déplacements professionnels aériens de 239 multinationales ont baissé de 34 % par rapport à 2019. C’est un signal fort : il est possible de réduire les vols sans tuer le business.

Mais cette moyenne cache de fortes disparités :

  • Certains acteurs français comme Crédit Agricole, CapGemini ou Dassault Systèmes affichent des baisses de -44 à -60 %, souvent grâce à un transfert massif vers le train.
  • D’autres, comme LVMH ou Valeo, ont au contraire augmenté leurs émissions liées aux déplacements professionnels (jusqu’à +70 %).

Au niveau global, des géants comme Google, Apple ou Bouygues n’ont toujours pas d’objectifs clairs de réduction sur les déplacements professionnels, tout en restant parmi les plus gros émetteurs.

Conclusion de T&E : les entreprises qui se donnent des objectifs spécifiques de baisse des déplacements en avion réduisent en moyenne plus vite que celles qui se contentent d’objectifs génériques ou… de rien du tout.
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💡 Innovations 2025 : ce qui aide vraiment à décarboner

IA générative et automatisation

Les innovations décrites par Navan et d’autres acteurs ne relèvent pas que du “gadget technologique”. Bien utilisées, elles peuvent réellement contribuer à la décarbonisation.

L’IA générative permet déjà :

  • D’assister les collaborateurs en temps réel pour proposer des itinéraires plus sobres (train plutôt qu’avion, regroupement de déplacements).
  • De simuler l’impact carbone de différents scénarios (visioconférence vs déplacement, déplacement individuel vs réunion regroupée).
  • D’anticiper les meilleures fenêtres de réservation pour réduire les coûts, ce qui facilite l’acceptation d’options plus vertes, parfois plus chères à l’achat mais optimisées globalement.

La numérisation et l’automatisation des notes de frais permettent, elles, de centraliser les données, croiser information financière et émissions carbone, mieux piloter la politique de déplacements et repérer les “fuites” (réservations hors OBT, comparateurs opaques, etc.).

Politiques de déplacements plus flexibles, mais plus exigeantes

Les politiques de déplacements professionnels évoluent vers plus de flexibilité pour les employés (bleisure, itinéraires mixtes, bien-être), mais cette flexibilité s’accompagne de garde-fous :

  • Rail par défaut jusqu’à une certaine durée de trajet.
  • Approvals obligatoires pour les vols longs courriers ou les classes affaires.
  • Recommandations claires sur la combinaison classe de déplacement / durée / motif.

L’exemple de BDO UK, mis en avant par la GBTA, est parlant :

  • Rail imposé pour tous les trajets domestiques,
  • Système de réservation qui met en avant l’impact CO₂ de chaque choix,
  • Règles spécifiques pour les classes sur les vols longs.

Résultat : -26 % d’empreinte carbone et plus de 360 000 £ d’économies.

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🎯 Que peuvent faire concrètement les entreprises en 2025 ?

La photographie n’est ni totalement rassurante, ni catastrophique. Le secteur avance, mais pas assez vite. Pour un responsable des déplacements ou un DAF, la question clé devient : où mettre l’effort en priorité ?

Quelques axes concrets se dégagent :

  • Généraliser le rail comme standard jusqu’à 3–4 heures de trajet, y compris pour les déplacements internes.
  • Rendre le carbone visible et contraignant dans l’OBT : filtres, alertes, tri par impact, scénarios “train vs avion”.
  • Fixer des objectifs chiffrés sur les déplacements professionnels (ex. : -30 % d’ici 2027, -50 % d’ici 2030) et les suivre trimestriellement.
  • Structurer le dialogue fournisseurs avec des clauses de durabilité claires dans les RFP et les contrats (contenu NDC bas carbone, SAF, performance environnementale des hôtels).
  • Tester puis monter en puissance sur le SAF, directement ou via des mécanismes Book & Claim, en priorité sur les lignes les plus stratégiques.
  • Rationaliser les déplacements internes : regrouper les rencontres, utiliser davantage la visioconférence pour les check-ins récurrents, réserver les déplacements physiques aux moments-clés.
  • Automatiser la donnée carbone via des outils intégrés (plateforme de gestion des déplacements professionnels, solutions d’analytics, reporting RSE unifié).

🚀 Un secteur en transition… mais pas encore à la bonne vitesse

En 2025, la décarbonisation du déplacement professionnel n’est plus un sujet “nice to have”. Entre réglementation, pression des parties prenantes, innovations technologiques et contraintes budgétaires, les déplacements professionnels se réinventent à grande vitesse.

Les signaux sont clairs : oui, les émissions liées aux déplacements professionnels baissent par rapport à 2019. Oui, des leaders se détachent, qu’il s’agisse d’entreprises récompensées par la GBTA ou d’acteurs mis en avant dans les études ONG. Mais non, la trajectoire actuelle ne suffira pas à elle seule pour atteindre les objectifs de neutralité carbone sans accélération forte.

La prochaine étape n’est pas de “parler décarbonation”, mais de l’intégrer partout : dans les politiques, les contrats, les outils, les budgets, les bonus… et dans chaque décision de déplacement.

Accélérer concrètement la décarbonisation de vos déplacements professionnels

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